Carole Melmoux

J’ai commencé la peinture depuis mon plus jeune âge dans l’atelier du peintre Philippe Lejeune à Etampes, j’avais 6 ans. Il avait réuni dans le même atelier, des adultes qui se destinait à une carrière de peintres, des amateurs et nous les enfants avec des professeurs, Patricia Legendre pour la gravure et Gaétan Ader pour la peinture et le dessin. J’ai gardé de cet épisode un souvenir inoubliable. Je côtoyais un monde d’adultes qui se consacrait beaucoup de temps à la peinture et qui adoptait une attitude presque dévouée à l’égard de quelque chose qu’on pouvait imaginer être un jeu d’enfants, je me rappelle que cela m’interrogeait.
Enfant nous n’avions pas le droit de peindre à l’huile à cause de la dangerosité des produits et c’était un rêve d’enfant de pouvoir utiliser cette technique. Plus tard quand j’ai eu 18 ans, j’ai repris le dessin d’abord par de grands fusains puis la peinture à l’huile, c’était magique car j’avais vraiment le sentiment d’exaucer une chose inaccessible.

Plus tard j’ai compris que la peinture était pleine de paradoxes et que les paradoxes à résoudre représentait une forme de quête inaccessible aussi.
 
La difficulté de la peinture c’est peut-être d’accepter que l’erreur fait partie du processus de création. La peinture est une succession de correction où l’on rebondit sur son erreur. Elle n’est pas fatale, elle peut toujours se reprendre et elle est même constitutive de l’oeuvre.
La peinture me conduit à résoudre des équations : trouver de la profondeur dans le plan, de l’harmonie musicale par les couleurs dans le silence et d’exprimer de la fluidité et du mouvement dans l’immobilité.
J’enseigne aussi aux adultes et aux enfants. La transmission est très importante pour moi. J’ai beaucoup recu de mes professeurs et je veux à mon tour redonner ce que j’ai reçu et compris de mes expériences.
Enseigner c’est être à l’écoute de l’autre, j’aime beaucoup essayer de comprendre la « personnalité picturale » de mes élèves adultes. Philippe Lejeune disait que peindre c’est apprendre à se connaître soi-même. Je le vois dans les peintures de mes élèves. Ce que j’aime c’est amener les élèves vers eux-mêmes tout en leur donnant des conseils techniques.
La peinture est une discipline difficile comme peut l’être la musique, elle exige l’étude du dessin, l’harmonie des couleurs, l’élaboration de la composition mais elle est aussi un moyen d’expression très intuitif et gestuel de découverte des formes et des couleurs dans lequel l’émotion peut s’exprimer. Enseigner la peinture c’est amener les élèves à connaître la technique par l’expérience plus que par la théorie, c’est aussi les aider à se connecter à leurs émotions devant un sujet pour que ce qu’ils peignent puisse être à l’image de leur ressenti.

Pour les enfants, l’enjeu est de leur faire découvrir les techniques et de leur donner la possibilité de choisir selon le sujet la technique qui leur semble la plus appropriée. J’ai eu la chance enfant d’avoir des professeurs qui ont toujours respecté mes choix sans jamais me juger, c’est une grande force et une grande chance aussi d’avoir connu cela enfant. mon rôle est d’accompagner les enfants pour qu’ils puissent mettre en forme les images et les choses qui les touchent.

 

 

 


 
 

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